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22 Mars 2010
"Je suis prêt à discuter avec les dirigeants de la RDC, mais la question est aussi de savoir comment ce pays entrevoit son avenir économique". C'est en ces termes que s'est exprimé, la semaine dernière, Karel De Gucht, le désormais commissaire européen au Commerce, devant une quinzaine de journalistes d'Afrique centrale en séminaire à Bruxelles. Du coup, certains observateurs ont perçu dans ces propos une certaine volonté de De Gucht d’ " adoucir " ses relations avec les dirigeants d'Afrique centrale.
En affirmant, par ailleurs, qu'il n'est pas " un homme rancunier " en réponse à une question de savoir si ses relations personnelles avec certains pays d'Afrique centrale ne vont pas freiner la nouvelle pénétration de l'Europe aux marchés africains, il a exprimé son souhait d'insuffler un nouvel élan dans les relations commerciales entre l'Union européenne et les pays ACP (Afrique, Caraïbes et Pacifique).Des relations qui doivent se transformer avec la conclusion de nouveaux accords de partenariat économique qui, pour la plupart, connaissent un flottement dans leurs négociations.
Pour l'Union européenne, qui veut voir les échanges commerciaux s'intensifier aussi entre pays africains à travers les organisations sous-régionales, l'intégration économique est donc au coeur des accords en prévision, peut-on lire dans une dépêche de l'ACP qui ajoute que la Communauté économique des pays des Grands-Lacs (CEPGL) est une cible essentielle dans ces relations, même si la RDC s'active plus dans la Communauté économique des Etats d'Afrique centrale. Un choix qui inquiète Karel De Gucht qui le fait savoir : " Ça n'avance pas du coté de la CEPGL parce que la RDC est la plus réticente. "
Convaincu que le commerce est capable de stabiliser certaines régions d'Afrique, le commissaire européen estime qu' "il faudra trouver une formule régionale pour combattre les problèmes de la région". Avec quel interlocuteur? Question capitale à laquelle De Gucht répond : " Les interlocuteurs, ce sera le gouvernement, les responsables des organisations régionales,…". Contradictoire, lorsqu'on se souvient de ses récents propos envers les autorités de Kinshasa, interprétés comme un manque de considération à leur endroit.
Malgré ce passé, Karel De Gucht annonce " des visites " très prochainement pour affronter " ses interlocuteurs ", mais il restera de savoir si les portes lui seront ouvertes quand on sait, par ailleurs, qu'après d'autres propos contre le Gouvernement congolais devant le Parlement européen, Kinshasa avait décider de lui refuser tout visa d'entré en RDC, alors qu'il devait y venir pour signer des accords de partenariat de l'ordre de plus de 150 millions d'Euros.
En tous cas, le chemin de Kinshasa demeure parsemé d'embûches dont la plus redoutable demeure, sans conteste, la Chine avec laquelle la RDC est en partenariat de reconstruction.
Comme bien d'autres pays africains qui le lui ont signifié, De Gucht risque, en effet, de s'entendre dire à Kinshasa que ces accords de développement et de reconstruction doivent avancer avant de libéraliser les échanges avec l'Union européenne.
Le Commissaire européen au Commerce ne partage pas cette vision et le dit : " Je ne suis pas du tout convaincu que la population plébiscite les Chinois. Ils apportent leur main-d'oeuvre et ça ne réjouit pas les Africains". Sur le cas spécifique de la RDC, il pense que le "deal" est déséquilibré et estime qu'il faut déjà savoir «à quoi vont servir les routes que construisent les Chinois. " Karel De Gucht soutient, globalement, que l'activité de la Chine ne devrait pas effacer les relations bénéfiques anciennes et à venir entre l'Union européenne et les pays ACP.
En attendant, cependant, l'Euro commissaire belge est encore loin de se démarquer de l'image hostile qu'il a forgée dans la mémoire des Africains en général et des Congolais en particulier. Parce qu'alors dans une carte blanche diffusée samedi sur le site Internet du journal belge «Le Soir», il critique la situation actuellement du Kenya par rapport à la lutte contre la corruption, nombre de lecteurs y perçoivent, en subliminal, la RDC à l'endroit de laquelle il a souvent eu à tenir des propos d'une troublante ressemblance.
Karel De Gucht s'exprime en son nom propre et non comme commissaire européen au Commerce, lit-on dans une dépêche de l'agence de presse Belga. Pas un mot sur le Congo, mais, entre les lignes, c'est à une critique du pouvoir congolais que se livre l'ancien chef de notre diplomatie. De Gucht, qui affirme que la "diplomatie silencieuse" est le plus mauvais service que l'on peut rendre aux peuples d'Afrique, cite les mauvais exemples - en matière de corruption, de non-fonctionnement des institutions, de violations des droits de l'homme - du Kenya et du Zimbabwe, et relève les bons: le Ghana et le Botswana. Pas un mot sur la RDC, ni sur le voyage d'Albert II prévu à Kinshasa le 30 juin, pour le cinquantenaire de l'indépendance de l'ancienne colonie belge.
" Je ne suis pas un homme rancunier ", affirme l'euro commissaire belge connu pour ses relations incestueuses avec les normes diplomatiques. Saura-t-il, à son âge et face à ses convictions personnelles de belge avant d'être européen, changer ? Et l'Europe l'a-t-il vraiment adopté à ce titre ? On sait, en effet, que lors de sa production devant le Parlement européen sous la casquette de Commissaire européen Développement et aux affaires humanitaires, De Gucht, qui avait eu des propos toujours aussi durs envers la RDC et ses autorités, était carrément désavoué par les eurodéputés qui avaient fini par voter la ligne du budget pour le nouvel accord à signer avec Kinshasa qui, cependant, lui refusa le visa suite, justement, à ces propos. Depuis, l'euro commissaire belge rôde littéralement aux frontières de la RDC… scrutant la moindre brèche pour s'y introduire…
Jonas Eugène KOTA