14 Décembre 2009
AFRIQUE REDACTION | SOCIETE | LUNDI 14-12-2009 | 11H35
Après plusieurs tentatives, sans succès, de l’Opposition de « descendre » le gouvernement Muzito, la majorité ou une partie de la majorité vient de prendre la relève. Une motion de censure contre Muzito court et elle est l’initiative d’un député de la majorité présidentielle. Diversion ou chantage ? En attendant la réponse à cette interrogation, la démarche divise déjà l’AMP avec toutes les conséquences imprévisibles.
Gustave Omba, député national et membre de l’ARC, allié à l’Alliance de la majorité présidentielle, AMP, vient d’initier une motion de censure contre le Premier ministre Adolphe Muzito. Cette motion, selon les informations concordantes, a déjà recueilli 81 signatures alors qu’il n’en faut que 50, le dixième des membres de l’Assemblée nationale, pour qu’elle soit déposée au bureau de cette institution.
L’auteur de cette motion de censure reproche au gouvernement Muzito l’immobilisme. Il se réfère même aux dernières déclarations du président de la République contenues dans son discours sur l’état de la Nation, dénonçant cette spirale « d’études en études et de conseils d’experts en conseils d’experts » pour prouver cet immobilisme.
Au fait, ce n’est pas la première fois que l’ARC dénonce l’attitude du gouvernement. L’on se souviendra de cette prise de position de son président national, Olivier Kamitatu, ministre au Plan, demandant au président de la République de procéder à un réajustement politique dans le chef des animateurs des institutions nationales. Question de combattre une certaine «culture d’autosatisfaction ».
Mais que cette fois, ce soit un député de la majorité présidentielle qui franchit le Rubicon pour initier cette motion de censure, c’est un véritable pavé dans la mare. Car jusque-là, ce sont les députés de l’Opposition qui s’illustraient par des questions orales, d’interpellation avec débat. Par deux fois, ils ont initié des motions de censure contre Antoine Gizenga et dernièrement contre le Premier ministre Adolphe Muzito avec la motion de Clément Kanku, mais sans succès. La Majorité a chaque fois réussi à « sauver » le gouvernement. Voire même la tête de plusieurs ministres, notamment ceux des Affaires étrangères, des Hydrocarbures dont l’ancien titulaire occupe maintenant le portefeuille de la Communication et des Médias, et dernièrement, c’est le ministre des Transports et Voies de communication qui l’a échappé belle.
LE CAMP RENOVATEUR
Evidemment, l’initiative de Gustave Omba, une fois déclarée recevable, est susceptible de porter un coup dur à la majorité présidentielle. Certes, c’est le PPRD qui compte un grand nombre de députés à l’Assemblée nationale. Toute motion qui ne bénéficierait pas de son appui est vouée d’avance à l’échec.
Il n’empêche de souligner que l’on enregistre déjà des voix discordantes. Certains députés de la majorité estiment qu’il est temps de donner une nouvelle impulsion à l’action du gouvernement et de bien lire et interpréter les déclarations du président de la République. Le chef de l’Etat, estiment ces députés de la majorité, aurait reconnu officiellement l’immobilisme du Gouvernement dans son discours sur l’ état de la Nation. Il est donc temps de censurer Adolphe Muzito avant qu’il ne soit trop tard. En tant que députés, ils sont convaincus qu’ils sont en droit de le faire.
D’autres par contre condamnent l’initiative de leur collègue Gustave Omba de l’ARC. Si cette démarche a été approuvée par l’ARC, en tant que parti politique, mais en sa qualité de membre de l’AMP, le problème devrait être discuté au préalable au niveau des instances de cette plate-forme. Cette procédure n’ayant pas été respectée, la démarche n’engage que l’ARC. Et si ce parti tient à créer un nouveau courant au sein de l’AMP, c’est de son droit légitime. Mais les responsables de ce parti doivent avoir le courage de le dire clairement et de quitter l’AMP, soutiennent cette frange de députés.
Le coordonnateur adjoint de l’AMP, Koyagalio, dans une déclaration à la presse, a souligné, une fois de plus, que le débat existe bel et bien au sein de l’AMP. Que les partis politiques ont le droit d’exprimer leurs opinions. Mais toute décision qui engage l’AMP devrait être au préalable examinée au sein des instances compétentes de cette plate-forme.
Comme on peut le constater, l’AMP est en train de se déchirer, s’il ne s’agit pas d’une diversion. En fait, ce n’est pas la première fois que le séisme s’observe au sein de cette plate-forme. Mais à chaque fois, l’autorité morale de l’AMP appelle partenaires et alliés à la discipline et à la cohésion. Les choses se passeraient-elles cette fois de la même façon ?
Retenons que seize députés de l’Alliance de la Majorité présidentielle (AMP), regroupés au sein du courant rénovateur pour le changement à la Chambre basse du Parlement, montent au créneau. Dans un point de presse tenu samedi au Palais du peuple, ils ont fustigé la complaisance de leur institution transformée, selon eux, en une caisse de résonance du gouvernement, au détriment de l’intérêt général du pays. Ce qui motive la motion de censure qu’ils disent avoir initiée contre le gouvernement dont ils dénoncent l’immobilisme, rapporte d’ailleurs radiookapi.net
« Nous voulons que la Majorité s’assume. Nous en avons vraiment mare d’attendre le changement qui ne vient pas. Nous avons un nouveau bureau à l’Assemblée nationale. Nous pensions qu’avec ce changement, c’est pour imprimer un nouveau dynamisme. Mais nous constatons que le pouvoir de l’Assemblée nationale est comme confisqué. Nous passons 8 jours sans plénière. Le président se déplace et il se déplace avec tous les pouvoirs alors qu’il a des collaborateurs », dénonce l’honorable Albert Pwela président de ce groupe.
DES MINISTRES DEMISSIONNAIRES
Le courant rénovateur de l’AMP relève encore d’autres tares de la Majorité au sein de l’Assemblée nationale. « Il y a plusieurs questions pour lesquelles on passe au vote. On politise tout. Une assemblée nationale d’élus, incapable de sanctionner un seul membre du gouvernement, pourtant, les méfaits, nous les constatons à longueur des journées. La corruption est devenue comme un sport national. Nous avons tous, dans la classe politique comme un consensus national à la médiocrité », ne cesse de décrier le président du courant rénovateur.
Par conséquent, poursuit-il, son groupe se démarque de cet immobilisme et de ce consensus à la médiocrité pour tirer la sonnette d’alarme. « Nous devons rectifier le tir. Le problème, en s’enlisant, dénote un peu une certaine incapacité du gouvernement à apporter des solutions… »
Que le gouvernement Muzito tombe ou ne tombe pas, le mal est déjà fait. Les fissures sont désormais visibles. Le fait que cette motion de censure ait déjà réuni 81 signatures des députés nationaux de la majorité est largement significatif. Car dans l’hypothèse qu’un vote intervenait aujourd’hui, avec les 150 voix des députés de l’ Opposition, cela donnerait un total de 230 voix. Le vote serait serré bien qu’en ballottage favorable pour l’ AMP.
Ce pavé dans la mare crée une nouvelle situation au sein du gouvernent. Etant donné que c’est pour la seconde fois que l’ARC revient à la charge pour critiquer l’action du gouvernement, la logique voudrait que les ministres de ce parti quittent le navire. Blague de mauvais goût ou pas, pourquoi doivent-ils continuer à œuvrer dans un gouvernement qu’ils accusent d’immobilisme ? Il en est de même de tous les députés dont les partis politiques ont des représentants au sein de l’Exécutif. Ils sont maintenant appelés à démissionner. Moralité politique oblige.