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3 Novembre 2014
Crée LE 03-11-2014 - 12H10 | AFRIQUE
REDACTION | REDACTEUR EN CHEF
: | PANAFRICAIN |ACTUALITE NATIONALE
AFRICAINE. à JOUR LE
LUNDI, le 03-11-2014 - 12H40 PAR : ARTV NEWS
Réformer notre Kongo en profondeur
Nous réconcilier avec nos ancêtres, Nous aimer nous-mêmes.
Le fabuleux professeur André MBATA MANGU, fierté de notre pays, a clos d’une façon magistrale le débat dangereux concernant la révision de la constitution particulièrement son article 220 bien verrouillé, débat dans lequel voulait nous entraîner les membres de ladite majorité présidentielle avec l’autre professeur Evariste BOSHAB MABUDJ-MA-BILENGE. Notre jeunesse et toute l’Afrique a retenu la phrase, devenue célèbre, du professeur MBATA, à savoir : “Il y a une vie après la présidence“ comme il y en avait eu une avant et qu’il y en aurait même bien eu sans. Car contrairement à ce que pensent certains accros du pouvoir par usurpation, la vie ne dépend pas de ce que l’on devient, elle est. Sans oublier cette parole de l’Ecclésiaste reprise par le sage MBATA, “Tout est vanité“ et “qu’il vaut mieux quitter le pouvoir avant que le pouvoir ne nous quitte.“
Oh ! qu’il a eu raison le vénérable professeur MBATA quand on voit ce qui est arrivé à Blaise Compaoré que d’aucun identifiait avec la charge présidentielle au Burkina-Faso tellement il semblait inamovible même après d’innombrables massacres dont celui du héros de l’Afrique, Thomas SANKARA. A peine a-t-il été éconduit de la façon que l’on connait qu’il y a déjà eu deux présidents pour lui succéder. Ces deux présidents auto-proclamés ne seront certainement pas les derniers dans un bref avenir. Loin de là. Et le Burkina-Faso continuera son chemin inexorable vers le progrès, la justice, la vie. Compaoré, quant à lui, va aller mener dans le déshonneur ce que le peuple du Burkina lui demandait calmement. Sic transit gloriam mundi. C’est vrai, il y a une vie après la présidence pour vu qu’on ne la gâche pas comme l’ont malheureusement fait de nombreux dictateurs chassés un à un par le peuple ou d’autres forces en furie depuis les temps immémoriaux. La colère du peuple est un ouragan violent qui peut tout ravager en très peu de temps et souvent quand on s’attend le moins, sans oublier que tous nous ne sommes que des humains, des êtres dont la chair est vouée à la pourriture. Attention aux puissants, tout peuple et tout pays confondus. A bon entendeur salut !
Cela étant, en ce qui concerne notre pays, étant donné qu’il n’y aura pas de révision constitutionnelle et pour que l’exercice du pouvoir puisse être à l’avantage de notre peuple impatient, il serait judicieux d’entamer une réflexion conséquente susceptible de jeter des bases solides d’un véritable état de droit et de progrès sur le modèle africain, celui de nos ancêtres. Dans notre pays, depuis colonisation européenne et jusqu’à ce jour, le pouvoir et son exercice ont été confisqués à leurs détenteurs traditionnels qui ne l’avaient pas démérité, mais qui sont au contraire et jusqu’à ce jour les seuls garants de la cohésion sociale. Plusieurs auteurs comme BOKOMBA KASA-KASA le soulignent. La colonisation a combattu notre tradition et l’a dénigrée pour s’octroyer le pouvoir et confisquer nos territoires. Les pouvoirs africains qui l’ont succédé, l’ont suivi. C’est pour cela qu’aujourd’hui comme hier, le village traditionnel, le lieu de vie de la majorité de la population congolaise, est ignoré. Le village n’existe pas dans la charpente étatique de l’administration depuis la présidence de la République en passant par les provinces, districts, territoires et secteurs. Le village, exclu, dénigré, est perçu uniquement comme réserve de main d’œuvre servile. La mise à l’écart du village est visible à travers les diverses délimitations territoriales et surtout dans leurs dénominations. Il n’y est fait aucune allusion à notre tradition ancestrale, y compris dans la nouvelle constitution qui prévoit la création des provinces nouvelles.
La plupart des provinces, sinon toutes, pour parler d’elles, se réfèrent à des positions géographiques dans leurs dénominations. Il y a la province du
Bas-Congo, celle de Bandundu, Equateur, province Orientale, nord et sud Kivu, Maniema, Katanga, Kasaï oriental et Kasaï occidental. Parmi les nouvelles provinces prévues, on peut citer les provinces du Kwango, Kwilu, Tshuapa, nord et sud Ubandi, Mongala, Haut et Bas Uele, Ituri, Tshopo, Sankuru, Kasaï, Kasaï-central, Kabinda, Tanganika, Lomami, Haut-Lomami, Haut-Katanga, Lualaba. Cette répartition des nouvelles provinces n’a en réalité aucune nouveauté, car la plupart de ces nouvelles provinces étaient déjà des districts à l’époque de l’administration coloniale belge quand ce vaste territoire n’avait que six provinces après qu’il n’ait été qu’une province de la Belgique, 80 fois plus petite ayant, elle, 10 provinces. Cette curieuse nomenclature fait référence plus aux rivières qu’à notre tradition, car l’administration coloniale belge ne reconnaissait aucun mérite à notre tradition et ne pouvait en aucune façon s’y référer. Ce qu’auraient pu faire les législateurs congolais qui se sont succédés depuis l’accession du pays à l’indépendance. Mais ils ne l’ont pas fait. La référence aux aires géographiques pour désigner des territoires habités par des peuples est une porte ouverte aux envasions comme celles des Belges ou des Rwandais. Car dans cette logique, ces territoires simplement géographiques n’appartiennent à personne, sinon aux plus forts. Dans la répartition nouvelle, en réalité ancienne, les législateurs de 2006, n’ont vu en général que leurs intérêts personnels en vue de leur positionnement politique plutôt que l’intérêt réel de notre population. Il serait donc temps de penser à elle en se référant à notre tradition dans la nouvelle administration particulièrement pour la délimitation et la dénomination territoriales.
Il faudra impérativement que le village soit réhabilité et redevienne la première cellule politique, économique et culturelle de l’architecture administrative du pays. Tout devra partir de lui. C’est-à-dire, que le chef du village et son conseil soient reconnus. Le village sera ainsi la première entité territoriale de la nouvelle administration à la place du secteur actuel qui, lui, sera supprimé. La deuxième entité territoriale sera le territoire (on lui donnera le nom approprié selon les régions). Le territoire sera l’ensemble de 5 ou 10 villages, voire plus, selon leur importance. Il n’y aura pas de chef lieu de territoire. Les réunions du conseil du territoire tourneront entre les villages. Le conseil du territoire sera constitué des représentants de chaque village, soit parmi les conseillers du village ou bien d’autres, à raison d’un ou de deux d’après les circonstances. Le troisième échelon du pouvoir ou la troisième entité territoriale sera la province (la dénomination sera aussi appropriée en suivant les régions et les langues). Le conseil (assemblée) de province sera constitué des représentants des territoires, le nombre pourra varier d’après la proximité et les affinités culturelles, aussi de 5 à 10 territoires, sinon plus ou moins. La dénomination ici comme pour les territoires sera laissée au soin de la population concernée et ne sera plus imposée d’en haut comme durant la colonisation ou actuellement.
La quatrième entité territoriale sera la région. Elle rassemblera les provinces dont le nombre variera d’après la proximité et les affinités culturelles. Ici aussi le conseil (assemblée) de la région sera constitué des représentants des provinces librement choisis. La cinquième entité sera l’Etat. Il correspondra aux quatre grandes aires culturelles de notre pays, Kongo, Luba, Ngala et Swahili. Chaque Etat englobera toutes les provinces de son aire culturelle. Comme partout, ici aussi l’assemblée sera constituée des représentants de chaque province librement choisis. La dernière entité de la nouvelle administration sera Le Congo Uni ou l’Union du Congo qui recevra une dénomination appropriée, Kongo étant la plus indiquée, comme grand patrimoine historique de l’Afrique entière. Cela n’empêche qu’on lui trouve d’autre dénomination plus inspirée et plus respectueuse de notre culture si on le juge nécessaire.
Ici aussi l’assemblée sera constituée des représentants de chaque Etat, librement choisis. Ainsi la pyramide administrative de notre pays sera renversée. Le sommet étant le village et la base le pouvoir central. Chaque échelon du pouvoir disposera d’un système administratif adapté que ce soit le village, le territoire, la province, l’Etat ou le gouvernement central. A tous les échelons, les conseillers seront à moitié bénévoles. Ils ne seront pas entièrement pris en charge par l’entité. Ils devront donc travailler comme les autres, y compris les différents chefs jusqu’au niveau des provinces. Ceux de l’Etat et du pouvoir central, Congo Uni, seront pris en charge par les institutions, y compris le président de la république qui sera élu au niveau des Etats et sera une institution tournante entre les Etats. Les chefs des entités pourront avoir leurs équipes restreintes des techniciens ou gouvernements qui seront aussi à moitié bénévoles. Chaque entité trouvera les moyens d’être dynamique et efficace sans pour autant peser sur les habitants.
La formation des techniciens de chaque entité sera régulièrement assurée par les techniciens de l’entité suivante. Les rythmes de formation se feront de commun accord entre les entités concernées et selon les besoins. Ces formations incluront les rencontres fréquentes entre les dirigeants des entités similaires par villages, territoires, provinces ou états. Les taxes, impôts ou constructions des infrastructures seront gérés au niveau de chaque échelon en lien avec l’échelon suivant. La priorité sera donnée à la personne humaine et non plus aux infrastructures contre la personne humaine comme durant la colonisation ou comme c’est encore le cas actuellement. Quant à la justice, les cours ancestrales seront privilégiées et modernisées, les autres cours et tribunaux seront adaptés aux besoins des entités. Rien ne devra plus être imposé.
Comme on peut le voir les objectifs de cette nouvelle administration seront la proximité des dirigeants avec leurs administrés comme dans la société héréditée de nos ancêtres, ce que nous appelons la réconciliation avec nos ancêtres, avec notre passé toujours présent, donc avec nous-mêmes, également la lutte contre la corruption des administratifs à quelque niveau que ce soit et la lutte contre les abus du pouvoir. Il s’agit donc de tourner définitivement la page de la colonisation comme le demande notre peuple, et de nous tourner vers notre civilisation, notre tradition qui constitue un véritable matériel de développement adapté et à la portée de la main contrairement aux idées reçues de la formation scolaire coloniale.
Et cerise sur le gâteau, nous proposons que la capitale du pays soit transférée à Nkamba, village emblématique, patrimoine de tout notre peuple. Nkamba mérite cet honneur là. Quand à la ville de Kinshasa, elle ne devra pas être abandonnée vu l’immense population qui y habite. Il faudra en urgence briser son isolement actuel, la désenclaver rapidement. Premièrement en négociant avec nos frères d’en face pour la construction rapide d’un ou plusieurs ponts rails, deuxièmement construire un chemin de fer Kinshasa-Bolobo avec une bretelle sur Bandundu-ville pour la relier plus rapidement au nord du pays, ensuite un chemin de fer vers Kimvula au sud et enfin un chemin de fer direct avec NKamba. Notre nombreuse et dynamique population constituera une main d’œuvre utile et non plus servile comme durant la longue colonisation. Nkamba ne devra plus être la nouvelle Jérusalem, mais bien la nouvelle Mbanza-Kongo reliant l’Angola, les deux Congo et le Gabon. Il serait aussi judicieux que pour les dénominations des différentes entités, le choix des noms soit porté sur les peuples qui habitent les territoires plutôt que les rivières, lacs, forêts ou montages qui sont des dénominations coloniales, lesquelles déniaient à nos ancêtres tout droit. Du reste nos ancêtres ne se sont jamais identifiés aux rivières, lacs, forêts, brousses ou montagnes. Ils se sont désignés comme étant des Lulua, Tetela, Ekonda, Mbuza, Besi-Ngombe, Lokele, Bemba, etc. Ils étaient et sont toujours fiers d’être ce qu’ils sont. Pourquoi pas nous ? Au Kongo-dyna-Nza de nos ancêtres, par exemple, le grand fleuve ne portait pas le nom de Kongo, mais celui de Mwanza, un nom de rivière répandu dans la région. Le nom Kongo était celui du peuple. Plus au sud, là où le fleuve prend naissance, on l’appelle Lwalaba. Et aucun peuple de cette partie du pays ne porte le nom de Lwalaba. Le nom du fleuve Congo n’est pas africain dans sa présentation actuelle. Il serait judicieux de le corriger.
Tout ce qui est dit ici demande évidemment que nous puissions connaître réellement nos langues et traditions, nos peuples et nos villages, c’est-à-dire nous réconcilier avec nos ancêtres, avec notre tradition, si nous ne voulons pas continuer à errer comme des apatrides voués au déshonneur. Car se dire Ntomba ou Mbagka, Mangbetu, Nianga ou Fulero, Kuba, Lulwa, Lunda ou Hema, etc., et ne pas savoir parler ces langues ne nous honore pas. Il est inadmissible que des personnes qui ne parlent pas nos langues ou les dénigrent, qui méprisent notre population et se barricadent dans des habitations grandioses, soient celles qui se présentent comme étant des originaires et s’arrogent le droit inaliénable d’opposer des populations entre elles et causer des massacres ou des désordres uniquement pour leurs accessions personnelles aux charges politiques, épiscopales, académiques ou autres. Il est donc temps qu’on arrête ces bêtises là et que chacun se mette et s’initie à sa propre culture. Et il n’y a pas de meilleure école que le village ancestral pour cela. Il est aussi temps que nos universités et instituts supérieurs, si nombreux, diffusent des enseignements dans nos langues et cessent d’être des tremplins à des personnages obscurs et dangereux, qu’ils deviennent des institutions d’avenir, crédibles et capables de donner des réponses adéquates aux nombreux défis auxquels notre peuple est confronté dont la terrible épidémie de fièvre hémorragique appelée “Ebola“ ou les occupations étrangères meurtrières.
PINI-PINI NSASAY KENTEY
Référence :
HYPERLINK "http://www.congo" http://www.congo kinshasaweb.net/fr/component/acymailing/archive/view/listid-1-mailing-list/mailid-143-la-lettre-ouverte-du-professeur-andre-mbata-en-integralite?tmpl=component
Bokomba Kassa-Kassa, Les enjeux de la réhabilitation du pouvoir coutumier congolais, Lokole asbl, Luxembourg, 2012
Evariste PINI-PINI NSASAY, La mission civilisatrice au Congo-Réduire des espaces de vie en prison et en enfer, Africavenir, Exchange&Dialogue, Douala-Berlin-Vienne, 2013