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Sud-Kivu : des policiers, gardes privés, n’assurent plus le service public

  Créé le 20 -07-2010 à 07h00 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS |  ACTUALITE | RDC  | Mis à jour le mardi 20 -07-2010 à 07h04

 

 

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Au Sud-Kivu, de plus en plus d’entreprises, d’écoles et de députés embauchent des policiers pour renforcer leur sécurité. Ces derniers continuent à être payé par l’Etat. Seulement, ils n’assurent plus leur mission régalienne : la protection du citoyen et de ses biens.

« Les policiers affectés chez nous reçoivent une prime de 60 $ en plus de leur salaire mensuel payé par l’Etat», affirme un responsable d’entreprise à Bukavu. De plus en plus d’institutions de micro-finance (IMF), d’écoles privées et de députés adjoignent à des vigiles privés, des policiers armés. Et, bon nombre de sociétés de gardiennage de Bukavu en ont dans leur escorte.


Dans les déplacements hors de la ville et pour des transactions commerciales, «nous sommes rassurés lorsque des policiers ou des militaires armés prennent place à bord de notre véhicule, parce qu’ils peuvent nous protéger contre les bandits qui interceptent régulièrement les voyageurs», déclare des camionneurs qui se sont faits dévaliser sur les routes reliant Bukavu aux centres commerciaux à l’intérieur de la province. Comme au Sud-Kivu, les assassinats aux armes à feu de simples citoyens sont réguliers, «nous recourons au gardiennage permanent des policiers pour dissuader les voleurs à main armée et équilibrer les forces en cas d’attaque, car ils sont autorisés à porter des armes légères et de petit calibre», expliquent des responsables d’IMF. Les policiers sont, en effet, «les seuls autorisés à tirer en cas de nécessité», ajoute un officier.

Fragilisés par leur maigre salaire, les policiers se font affecter par leurs chefs chez des privés «pour nouer les deux bouts du mois», déclarent-ils, sous anonymat. Là-bas, leurs «nouveaux patrons» rémunèrent les services rendus. «Chaque jour, nous leur payons du café, du sucre et un repas en plus de la prime mensuelle individuelle», déclare le chargé de la paie dans une école gardée par des policiers. Un policier, qui a supplié son chef de l’affecter dans un service de gardiennage privé, exprime sa joie : «Grâce à la prime que je reçois ici, j’ai payé sans retard les études de mes enfants, se réjouit-il avant de poursuivre, sans cela, mes 70 $ de salaire mensuel seraient très insuffisants pour la nourriture et les frais scolaires».

SERVICE PUBLIC ABANDONNE

Les chefs de la police et les autorités sont unanimes à dire que les effectifs de policiers sont insuffisants et rappellent leur mission de maintien de l’ordre public et de protection des personnes et des biens. Malgré cela, l’affectation de certains éléments à la sécurité de privés se poursuit. Pire, ces policiers ne s’occupent alors de rien d’autre, «pour ne pas être punis pour abandon de poste», justifient certains d’entre eux. «Pendant qu’ils sont au service des privés, ces éléments ne travaillent pas pour la communauté. Ils continuent cependant à être payés par l’Etat», fait observer Pablo Muke, de la Coalition congolaise pour la justice transitionnelle.

Des vols et des crimes sont ainsi commis à proximité de détachements de policiers qui ne viennent pas au secours des victimes… Malgré l’abandon de leur mission de service public, «l’Etat continue à nous payer, parce que ce sont les chefs qui nous affectent», répondent-ils.

La loi autorise tout citoyen de requérir une protection de police particulière en cas de danger. Ce genre de demande est adressée à la plus haute autorité policière du lieu qui en évalue la portée avant de l’autoriser, moyennant finances. «Les citoyens qui ne peuvent pas payer ne peuvent pas espérer être protégés», constate Raphaël Wakenge d’Initiative congolaise pour la justice et la paix. La mission de la police est donc détournée au service de quelques citoyens et les inégalités se creusent au sein de la population.

L’Observatoire gouvernance et paix (OGP) a dernièrement formé des observateurs de l’appareil judiciaire et de l’administration publique afin de montrer aux autorités comment elles sont perçues par la population et lui proposer des alternatives. Avec l’affectation de la police à la garde des privés, «nous avons compris que les subalternes travaillent en fonction des besoins des chefs et pas du tout en rapport avec ceux de la population», constate Eric Kajemba, directeur de OGP. «Légalement, les protections policières doivent être ponctuelles, signale Pablo Muke, et ne devraient pas être rémunérées, car la mission de la police est du service public».

SYFIA/LP

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