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Tribunal de 1ère instance de Belgique - Affaire « Tintin au Congo » : les plaignants requièrent la cessation de parution de la BD

 

Créé le 28 -11-2010 à 10 h00 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN |  ACTUALITE | RDCongo  | Mis à jour le dimanche  28 -11-2010 à  10 h00 | PAR : LE POTENTIEL




Bienvenu Mbutu Mondondo et l’Asbl française « Le Cran » (Conseil représentatif des Associations noires) se battent toujours à la justice pour faire cesser la parution de la Bande dessinée (BD) « Tintin au Congo » qu’ils accusent de racistes.

Les plaignants et les défendeurs, la SA Moulinsart et les éditions Casterman, ont plaidé, le lundi 22 novembre 2010 devant le tribunal de première instance de Bruxelles, en référé, rapporte l’ACP. « Nous ne voulons pas faire le procès de Hergé. Mais, celui d’une époque où le racisme était ancré dans les mentalités », a plaidé Me Ahmed L’Hédim, conseiller des demandeurs.

Selon l’avocat, ces mentalités ont évolué ainsi que la législation sur les droits humains. Ses clients demandent, à ce titre, la cessation de la vente des exemplaires de « Tintin au Congo ». Avant de souhaiter, à titre subsidiaire, qu’un bandeau accompagne l’album afin d’avertir le lecteur que l’œuvre contient des propos racistes, comme c’est le cas pour les versions anglaises éditées par Egmond.

Par ailleurs, ces plaignants veulent qu’une préface explique le contexte et l’époque de la rédaction de la bande dessinée. Et, enfin, que cette dernière soit déplacée des rayons « enfants » vers les rayons « adultes » des librairies. Le lundi 22 novembre 2010, les parties ont plaidé sur la question relative à la production des contrats entre Casterman et la SA Moulinsart demandée par les plaignants. Selon ces derniers, le demandeur qui n’est pas commerçant, a le choix de saisir le tribunal de première instance ou celui de commerce. Pour les défendeurs, la juridiction compétente l’est en fonction de la nature de l’acte. « Il s’agit bien ici d’un acte commercial puis qu’on parle de supprimer une vente. C’est donc le tribunal de commerce qui aurait dû être saisi », a plaidé Me Sandrine Carneroli. Quant aux contrats, ils permettraient, selon les demandeurs, de savoir qui de Casterman ou de la SA Moulinsart détient les droits de gestion et d’exploitation de l’œuvre. Me Carneroli a répondu en affirmant qu’il n’y avait pas lieu de produire ces contrats par ailleurs couverts par le secret des affaires. « C’est très simple, la SA Moulinsart détient tous les droits de gestion et d’exploitation de l’œuvre d’Hergé sauf les droits d’édition », a expliqué l’avocate, estimant que la SA Moulinsart a donc été citée abusivement. L’affaire est mise en continuation au 8 décembre 2010. Une décision interviendra alors dans les deux mois.

EFFET BOULE DE NEIGE

A sérier l’analyse de près, l’on se rend vite à l’évidence que cette affaire commence à faire l’effet boule de neige. Des plaignants et des défendeurs aux deux gouvernements de tutelle, l’affaire « Tintin au Congo » change de camps

Estimant que cette BD est raciste, le Congolais Bienvenu Mbutu Mondondo, en a, de son côté, demandé l’interdiction depuis plusieurs années.

Interrogée par la radio Rfi (Radio France Internationale), la ministre a pris ardemment la défense de cette BD, la qualifiant de «chef-d’œuvre » et que «rien de tout cela n’est justifié ». « Pour le gouvernement congolais, Tintin au Congo est un chef-d’œuvre. Cet album ne blesse en rien la culture congolaise. Aux temps anciens, lorsque ce livre a été écrit et que son créateur a été inspiré, effectivement, les Congolais ne savaient pas parler français. Jusqu’aujourd’hui, le Congolais n’est pas celui qui parle le mieux français. A cette époque, décrite dans l’ouvrage, effectivement, pour remettre le Congolais au travail ou l’inciter à travailler, il fallait utiliser le bâton. Aujourd’hui, dans certains milieux, pour envoyer les enfants ou les adultes au champs, il faut y aller par des méthodes fortes. Nous avons estimé que c’était un procès intéressé qui n’engage pas le gouvernement congolais», a précisé la ministre congolaise de la Culture et des Arts, citée par Rfi.

Alors que sur France 3, Michel Piccoli crie « À bas Tintin ! » et parle à propos de « Tintin au Congo » d’ « œuvre d’art malhonnête », le ministère français de la culture appelle à « ne pas banaliser la censure».

Régulièrement entretenue dans les médias, l’affaire « Tintin au Congo » continue d’enflammer les esprits. Dans une émission assez opportuniste de Frédéric Taddéi sur France 3, le 15 décembre 2010, l’album d’Hergé a eu droit à un sévère réquisitoire de Michel Piccoli qui qualifie l’œuvre et son auteur de « malhonnêtes ». « On ne va pas pleurer sur Tintin ! » dit-il, péremptoire, avant d’appeler à son interdiction.

De son côté, le sociologue Edgar Morin contextualise l’œuvre dans une époque « imbibée de racisme », appelant à une prise de conscience politique.

LA POSITION DU MINISTRE FRANÇAIS DE LA CULTURE


L’économiste Michel Godet s’insurge : « Il faudrait alors supprimer tous ces westerns où les Indiens se font tirer comme des bisons ! ». Le débat restera sur cette passe d’armes pour se terminer dans un éclat de rire. Pour sa part, le ministre français de la culture et de la communication, Frédéric Mitterrand a pris position en faveur de Tintin. Le même jour, le député UMP (droite présidentielle) Christian Vanneste a interrogé le ministre de la culture et de la communication sur « la demande de censure de l’ouvrage Tintin au Congo par certaines associations communautaristes ou d’extrême-gauche ». Il aimerait connaître l’avis du gouvernement français sur ce sujet.

La réponse du ministre est sans ambages : « Les contestations qui visent actuellement Tintin au Congo s’inscrivent dans le prolongement d’une polémique qui ressurgit à intervalles réguliers. Les demandes d’interdiction de l’album d’Hergé, ou d’insertion d’une mise en garde des lecteurs, font ainsi suite à une action en justice intentée en Belgique et aux décisions prises par des bibliothèques et une chaîne de librairies étrangères, de confiner l’ouvrage dans des sections réservées aux adultes. La version de l’album concernée par ces mesures est celle qu’Hergé a publiée en 1931. L’auteur a entrepris de la remanier en 1946, conscient d’avoir été marqué par les représentations coloniales qui caractérisaient son époque et son milieu. Pour autant, l’album d’Hergé ne révèle ni virulence idéologique ni caractère haineux. Les limites consenties par le cadre législatif français au principe de liberté d’expression sont définies de manière stricte et ne sauraient justifier une systématisation des demandes d’interdiction. Une telle évolution serait contraire tant à l’esprit qu’à la lettre de la loi du 13 juillet 1990 tendant à réprimer les actes racistes, antisémites ou xénophobes. Le cas spécifique des publications à destination de la jeunesse, réglementé par la loi de 1949 qui confère des compétences en la matière à l’autorité administrative, n’autorise pas davantage à banaliser la censure. L’application de ces dispositions appelle une extrême vigilance et un discernement particulier, afin de parvenir à combiner en toute rigueur la préservation de la liberté de création, les sanctions aux atteintes à la dignité humaine et le respect de la pluralité des identités ».

Il n’y a plus qu’à espérer que le procès belge se conclue rapidement afin de clore cette affaire qui empoisonne les esprits.

BIEVENU IPAN

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