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RDC : La presse met le bon sens sous embargo

 

Créé le 31-10-2011 à 11 h00 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN |   ACTUALITE NATIONALE, AFRICAINE ET INTERNATIONALE | Mis à jour le lundi 31-10-2011 à  16 h15 | AFRIQUE REDACTION PAR : AFRIQUECHOS.CH

 

Pathétique. La presse congolaise se déchire pour une histoire d’embargo décrété contre le dé puté Yves Kisombe et qui vient d’être levé après des excuses plates et répétées à la profession et à la journaliste que le parlementaire avait arrosée d’injures. À l’origine de cet embargo de six mois décidé en août et aussi de cette « réduction de peine », les dirigeants de l’ONG « Journalistes en Danger » sont accusés d’avoir reçu des enveloppes : « Méthodes malhonnêtes » s’est même écrié le Collectif des éditeurs des journaux regroupant une cinquantaine de titres pas tous réguliers ni viables évidemment.


Au mois d’août, la presse kinoise avait affiché un semblant d’unité à travers une marche monumentale et un mémorandum qui, en plus de l’embargo, demandait, à Evariste Boshab président de l’assemblée nationale, la déchéance du député incriminé. La controverse qui naît aujourd’hui était, en effet, prévisible. D’abord, parce que la riposte nous a paru excessive et inappropriée, ensuite parce que la demande de déchéance du député montrait une méconnaissance du fonctionnement des institutions, et enfin parce qu’au même moment les confrères de Kinshasa avaient occulté le cas d’un caméraman d’une télévision locale agressé par les agents de sécurité du PPRD, le parti dirigé par le président du parlement destinataire du mémorandum contre Yves Kisombe.

Les propos tenus par Yves Kisombe étaient d’innommables insanités dont la seule large diffusion médiatique, en plus d’une action en justice par la victime et son employeur, nous paraissait comme la plus grave sanction. Politiquement et socialement l’intéressé aurait perdu la quasi-totalité de son crédit et de sa crédibilité. Le fait de décréter un embargo laissait entendre, en effet, que le travail journalistique se faisait au bénéfice des hommes politiques et des artistes. D’ailleurs beaucoup de journalistes ont clamé que c’était l’occasion d’affirmer que la presse était « le quatrième pouvoir », qu’elle était « le faiseur des rois ». Une arrière-pensée tout simplement contre-productive. Aussi, qu’une catégorie socioprofessionnelle décide de se rendre justice ne serait pas le meilleur service à rendre à la démocratie à peine renaissante de la RDC. Par extension et par absurdité, imaginons les médecins qui refuseraient de soigner un journaliste qui a diffamé l’un des leurs, des juges qui refuseraient de traiter la plainte d’un médecin qui a mal soigné l’un des leurs, etc. Pire, en demandant au président du parlement la déchéance du député Yves Kisombe, les journalistes ont eu droit à un cinglant cours de droit qui leur a été administré par le constitutionnaliste Evariste Boshab qui leur a rappelé les conditions et les procédures à suivre pour la déchéance d’un parlementaire.

Enfin, dans leur action déterminée contre Yves Kisombe, les organisations de journalistes ont juste évoqué du bout des lèvres, dans un communiqué de presse, le cas d’un caméraman agressé par les services d’ordre du parti présidentiel dirigé par le même président du parlement. Ni explications, ni excuses moins encore une quelconque réparation des préjudices subis n’a été demandée à ce parti politique ou à la justice. Le cas Kisombe, par son côté juteux politiquement et peut-être aussi financièrement qui se profilait, avait accaparé la totalité des indignations et des cris d’orfraie de la profession. Une profession qui s’est même permise un jeu de mots plus que douteux sur le patronyme de Kisombe en le désignant «  Ivre qui sombre ». Faut-il rappeler que ce député n’a pas ce nom en propre, qu’il l’a reçu de son père et qu’une très grande famille porte ce patronyme qui mérite du respect comme tout nom de famille ?

Aujourd’hui, s’il est un combat qui doive susciter l’union sacrée de la presse congolaise, c’est la fin de la clochardisation d’une profession dont les conditions de travail et de rémunération sont des plus précaires pour ne pas dire simplement indignes. La profession ferait mieux de négocier une convention collective opposable à tous les patrons de presse et une rigoureuse observance des règles d’éthique et de déontologie de ce métier qui a perdu son « esprit chevaleresque ». Plutôt que de s’invectiver et de s’accuser de corruption sur un dossier mal mené, mal géré, les journalistes devraient ouvrir ce chantier pour la reconquête de leur respectabilité. |Botowamungu Kalome (AEM)

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